Alix Konadu (Bruxelles, 1992) est une actrice, une artiste et une performeuse. Le concept de frontière constitue la base de sa recherche et de son esthétique. Elle aborde les frontières à partir de perspectives différentes, aussi bien en matière de contenu que de forme. Comment un corps influence-t-il le lieu où il se trouve et de quelle manière interagit-il avec cet espace ? Et quelles frontières sont imposées au corps dans un espace ? Quelles dimensions supplémentaires y ajoutent l’héritage du colonialisme et ses retombées qui perdurent sur les populations dont il a défini les frontières terrestres ? Dans sa pratique artistique, Konadu part en quête de la manière dont l’influence réciproque entre le corps et le lieu peut déplacer ou estomper ces frontières.
Konadu combine sa résidence à Moussem à Bruxelles avec la résidence perfocraZe International Artist Residency (pIAR) à Kumasi, au Ghana, que dirige une femme transgenre pour qui l’art constitue un moyen de relier la communauté queer locale au reste de la population ghanéenne. Par le biais de cette conjonction de résidences, Konadu espère développer et consolider sa recherche artistique, tant sur le plan du contenu et que de la forme, dans ses deux pays d’origine afin d’aussi intégrer son identité ghanéenne à son travail.
L’un des points de départ essentiel de sa recherche réside dans la culture ashanti, qui, à travers la préservation de certaines traditions, trace les frontières de l’ancien État souverain d’Ashanti. À cet égard, Kumasi offre un terreau double à la recherche de Konadu : à la fois en tant que capitale du royaume ashanti et de lieu de vie de sa famille ghanéenne depuis des générations.
« J’espère qu’une connaissance plus approfondie de la richesse et de l’histoire de la culture ashanti, me permettra de devenir une artiste qui s’exprime à partir d’une identité plurielle et stratifiée. Ce faisant, je souhaite explorer des cadres de référence artistiques non occidentaux qui pourraient aussi contribuer à donner forme à ma recherche à Moussem », explique Alix Konadu.
Alix Konadu a fait ses débuts professionnels en 2016 à la VRT – radiotélévision publique flamande – en tant qu’actrice dans une série télévisée. Après une série de projets à la télévision, au théâtre et au cinéma, Konadu a pris pleinement conscience qu’elle souhaite embrasser une carrière de performeuse et d’artiste contemporaine, une voie délibérée et résolue qu’elle a continué à suivre tout au long de ses études. En 2020, Konadu a obtenu son bachelor à l’Institut Supérieur des Arts et Chorégraphies (ISAC) à Bruxelles, où elle a suivi une formation de création chorégraphique et de mouvement dans l’espace urbain.
En 2017, Konadu a participé à une performance in situ, In the Circle, avec le collectif Divadlo Continuo qui s’est donnée dans les douves d’un château en République tchèque. De 2018 à 2021, elle était artiste associée au collectif international de performance Duende, avec lequel elle a créé et interprété plusieurs performances à Athènes. Pendant cette période, elle a également joué dans le long métrage Binti de Frederike Migom et dans différentes séries télévisées, telles que Loslopend Wild (VRT). En 2019, au festival Over Het IJ (Amsterdam), elle a joué dans la performance de sculpture humaine de Lotte Boonstra, Mensen Dragen Dingen [Des gens portent des choses]. La même année, Konadu et le musicien Ben Tanghe ont fondé le collectif Omelett avec lequel ils créent et jouent des spectacles pour enfants dans différents lieux en Belgique.
En 2022, Konadu a joué sous la direction de Paola Pisciottano dans le spectacle de théâtre Extrême/Malecane en Italie et en Belgique.
L’année dernière, elle a rejoint le collectif artistique multidisciplinaire Socha, basé à Malines, où elle expérimente différents registres des arts de la scène, allant de la mise en scène au jeu.
Broken Home, My Shrine
L'idée d'étudier les frontières est née de la nécessité de discuter des luttes et des triomphes des personnes issues de l'immigration, en abordant souvent les questions d'identité, de déplacement et de recherche d'appartenance.
Les frontières - Comment les créons-nous, les déplaçons-nous, les brisons-nous, les redéfinissons-nous ?
Pendant sa résidence au pIAR à Kumasi (Ghana), Alix a documenté des objets et des personnes à l'intérieur de frontières spécifiques. L'étape suivante a été une période de résidence dans les Moussem Studios, où elle s'est concentrée sur les frontières en tant que perception de la sécurité. Une prison. Une maison. Une croyance.
À Alkantara, Alix continuera à travailler sur le matériel et organisera un échange de bribes et de pensées avec un public pour la première fois.
Les limites de mon appartenance. Les frontières de ma maison.
La maison en tant que sanctuaire.
La maison dans un objet de voyage.
La maison en tant qu'humeur.
La maison comme sentiment.
- Alix Konadu
Photo: Asiome 2.0